Sur les tableaux que je n’ai pas vus et les vins que je n’ai pas goûtés

Ce que j’ai dit hier des livres, je peux aussi le dire de la musique, de la cuisine, des voyages. Combien d’œuvres je n’aurai pas entendues, combien de plats et de vins je n’aurai pas goûtés, combien de pays je n’aurai pas visités !…

Ça m’est égal. Je n’ai jamais eu l’âme d’un collectionneur, ni l’envie de cocher des cases pour pouvoir dire j’ai fait ceci, ou j’ai fait cela. Il fut un temps où j’avais formé le projet (pas très ambitieux) de voir les trente-cinq tableaux de Vermeer, où qu’ils se trouvent dans le monde, mais je me suis arrêté à vingt-trois ou vingt-quatre, et quand l’exposition Vermeer est venue au Louvre en 2017, je ne l’ai même pas visitée. Trop de monde. Vermeer est un peintre de l’intimité et du silence, et la plupart de ses tableaux sont de petit format. Comment l’apprécier dans la bousculade, hissé sur la pointe des pieds ?

Si, j’ai un regret, pour le vin. Il s’appelle Romanée Conti. Mon oncle, qui était un immense amateur de Bourgogne, et m’a fait découvrir quantité de crus sublimes, en avait deux ou trois bouteilles dans sa cave. Je n’en ai jamais bu. Des Tâche, oui, des Richebourg, oui, des Grands Echézeaux, oui, mais des Romanée Conti stricto sensu, non. Il les conservait religieusement. Sur la fin, alors qu’il était malade, certains de ses amis ont abusé de son hospitalité. Ils se sont installés chez lui pour procéder d’urgence à quelques libations, et ont fait main basse sur les bouteilles. Comme il était affaibli, il n’a rien dit, mais le Saint Graal a été bu avec sournoiserie, âprement, sans honneur.

Vermeer, Le verre de vin, Gemäldegalerie, Berlin

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Bruno SERIGNAT

C’est aussi un de mes souhaits les plus chers que de boire du Romanée-Conti mais j’ai peu d’espoir : l’essentiel de la production (limitée) est réservée aux caves de la Présidence de la République… et son prix est donc prohibitif.

Bruno SERIGNAT

Eh bien, auprès d’un conseiller municipal UDF, contrôleur à la Cour des comptes, lorsque j’étais moi-même conseiller municipal (mais pas UDF) de Créteil (94000)

Brian Thompson

Une bien triste histoire que celle de ton oncle! Avec des “amis” pareils, pas besoin d’ennemis!