Le fil des jours

Mon dentiste me soigne une molaire. Après m’avoir anesthésié localement, il installe dans ma bouche la pompe à salive, « histoire que ça ne déborde pas », dit-il. Quelques instants plus tard, il se met à me parler des inondations à Paris. Il évoque les effets désastreux que, d’après un article qu’il a lu récemment, […]

Aigreurs, rancœurs, douleurs, frustrations, tout était remonté à la surface. En quelques semaines, Maman avait régurgité tout ce qu’il y avait eu, dans sa vie, de désirs inassouvis, d’occasions manquées, d’insatisfactions intimes, de renoncements qui lui semblaient n’avoir servi à rien. Elle avait déballé tristement ses déceptions et ses faillites, occulté tout le reste. Tout

Manet Courses à Longchamp Augustin a fêté ses vingt-cinq ans hier dimanche en se levant à six heures du matin pour aller travailler. Il a passé la journée à Longchamp, à capter l’univers sonore d’un champ de courses: le galop des chevaux, l’excitation des parieurs, les clameurs de la foule, les conversations des jockeys au

J’ouvre les yeux. Mon regard aperçoit successivement la pointe de mes chaussures, le bout du hamac, le tronc d’un arbre, son feuillage, et le soleil, avec ses rayons, qui joue à traverser les feuilles, au gré du vent. Je viens de faire une petite sieste de dix minutes. Je prends le temps de me réveiller.

Des amis nous convient à dîner. Dans leur message, précisant l’heure et le lieu, ils indiquent : « 5è étage fauché ». On voit qu’aujourd’hui les correcteurs orthographiques commettent les lapsus à votre place. C’est l’un des avantages des nouvelles technologies. Dans un message rectificatif ultérieur, nos amis précisent : « 5è gauche (sans caviar).

Encore un mot sur l’Oyssée. Au début du chant IX, Homère écrit : « Il n’est rien de plus beau que d’ouir un chanteur…» Je ne lui fais pas dire. Aussi mes lecteurs noteront-ils que je donnerai le lundi 14 octobre à 20h30, à l’Européen, à Paris, un concert intitulé ARBON fête ses dix ans. Dix

Je t’aime  Jetai me  Me jetai Pris un jour ma respiration, prononçai je t’aime, et me jetai     dans tes bras        dans ton lit           dans le vide              dans la vie                 à corps battant                    à coeur perdu Me jetai, sans retour, et me lâchai moi-même Quittai

Trois jeunes harpistes jouent sur la place, et l’on est soudain plongé dans du Proust ou dans du Renoir. Soleil, chapeaux de paille, étés fleuris, grâce des corps, tout est là, musique comprise, dans un instantané quintessentiel de la douceur de vivre. C’est la résurgence de quelque scène immémoriale, sensuelle, et surannée, comme il en

© Mustafa Ali / SIPA Le drame de la Syrie, c’est que le conflit actuel n’apparaît pas comme le combat des bons contre le méchant. Je dis ça vu de ma fenêtre. J’enregistre l’éternelle litanie: violence, vengeance, engrenage des abominations. La haine pure copule avec des calculs sordides. La sauvagerie se repait d’arrière-pensées glauques. Massacres

Comment fait-on pour déterminer où se situe le centre du monde ? On lâche deux aigles de chaque côté de la Terre, l’un au Levant, l’autre au Couchant, qui volent à la rencontre l’un de l’autre. Là où ils se retrouvent, c’est l’endroit recherché. On le marque d’une pierre, et on y bâtit un temple.