Métempsycose

Dans la Bhagavad-Gita, les hindous présentent deux conceptions du salut. L’une « prône l’engagement dans l’action, afin de participer, chacun à sa place, au maintien du bon ordre cosmique* ». L’autre, au contraire, « invite à un retrait de l’action. C’est la voie du renoncement au monde, afin de se consacrer, par la méditation, à la recherche de la délivrance* ».

Il est intéressant de remarquer que l’action, dans la première, est considérée comme une énergie qui cherche à préserver l’ordre du monde, et non point à le réformer. L’action est une force de conservation. Je vois dans cette idée la version indienne de la fameuse phrase du Guépard : « il faut que tout change pour que rien ne change ». L’homme agit : il travaille, il se bat. Le hamster tourne dans sa cage. Le bas devient le haut, le haut devient le bas. Tout change, rien ne change. L’enchaînement des actes équivaut à un enchaînement tout court. Et pour les hindous, le cycle ne s’arrête pas là : il se prolonge au-delà de l’existence. Tant qu’il n’a pas trouvé la voie du retrait, du renoncement, chacun est condamné par la métempsycose à mourir et renaître indéfiniment, sous diverses formes.

Il se peut que nous soyons tous des hamsters réincarnés.

* Je tire cette synthèse d’un excellent article paru dans Le Monde il y a quelques semaines : https://www.lemonde.fr/le-monde-des-religions/article/2022/11/05/hindouisme-qu-est-ce-que-la-bhagavad-gita-sur-laquelle-rishi-sunak-a-prete-serment_6148620_6038514.html

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Bruno SERIGNAT

Je pense que Giuseppe Tomasi di Lampedusa s’est inspiré pour sa fameuse assertion du livre de Lewis Caroll “de l’autre côté du miroir” où la Reine Rouge dit à Alice : “On est obligé de courir pour rester au même endroit”. Ce qui n’enlève évidemment rien à la qualité du roman “le Guépard”. Accessoirement, cette phrase est devenue le symbole d’une hypothèse de la biologie évolutive, connue sous le nom de l’hypothèse de la Reine Rouge sur l’évolution des espèces.