Il y a une loi à laquelle je me soumets volontiers : c’est la loi du moindre effort. L’idée que nos résultats ne peuvent être que proportionnels aux efforts que nous déployons pour les obtenir m’a toujours parue suspecte. Je sais qu’elle est fort répandue, mais il est facile d’observer que des quantités de personnes s’épuisent à courir après quelque chose et n’avancent pas plus que des hamsters dans une cage.
La morale judéo-chrétienne du bien et du mal, de la récompense et du châtiment, nous a encombré l’esprit avec le sentiment de ne jamais en faire assez pour plaire à Dieu ou remédier aux malheurs du monde. Nos actes sont toujours insuffisants, et notre culpabilité perpétuelle. Les Grecs, il me semble, approchaient plus sainement la question. Mêden agan, disait le temple de Delphes : rien de trop. La loi du moindre effort était inscrite sur leurs frontons.
Rien de trop… Oui mais nous vivons dans un monde où il y a partout du trop. Cet adage me fait penser à notre vie matérielle. Dans les supermarchés : un nombre vertigineux de produits (cf. le rayon des yaourts…), sur les murs des villes : des tags sur le moindre pan encore vierge, aux abords des villes : des zones industrielles, dans les villes et sur internet : des pubs partout, dans chaque café voire restaurant, une télé… Des téléphones dans les mains et les poches de tous, dans les journées de quasi tout un chacun : des coups de fil, sms ou messages, et aussi des regards qui en cherchent, en espèrent, à tout bout de champ…
Rien de trop… est-ce l’esprit de justesse ? Rien de trop… contraire de l’addiction, de l’assaillement par les choses de notre entourage. Comme il est étonnant ce rien de trop des photos anciennes de villes et de campagnes, avec comme un léger dénuement.
Rien de trop, c’est pouvoir respirer, se poser, prendre un peu de recul, prendre sa liberté, son chemin ? N’être pas trop encombré… pour savoir où bifurquer.
Et la loi du moindre effort, ça me fait penser aux lois physiques : à l’eau qui court par le plus court chemin. Aller à l’essentiel, tabler sur l’intensité.
Je m’aperçois que, contre toute attente, les commentaires semblent remarcher : j’ai souvent essayé ces dernières semaines de commenter mais chaque fois le logiciel me répondait : “page inconnue, vérifiez votre adresse” et puis aujourd’hui, une sorte de (petit) miracle ! À moins – j’y pense tout à coup – que j’aie été condamné à une période d’exclusion temporaire pour une raison inconnue…
Absolument juste !