Tiques moustiques taons termites sauterelles mites fourmis et cetera

Les publications terrifiantes sur l’effondrement des populations d’insectes ont du mal à marquer l’opinion publique. Un récent article du Monde note que contrairement au réchauffement climatique le sujet ne réussit pas à s’imposer dans le débat. Pis : qu’il a été complètement ignoré jusqu’à une date récente. « Ni l’ampleur, ni la rapidité, ni le caractère systémique de l’écroulement des insectes n’ont été anticipés par les scientifiques » écrit l’auteur.

On pourrait même soutenir l’inverse : je me souviens d’une double page du même journal expliquant, il y a moins de vingt ans, qu’avec la montée des températures il fallait que nous nous préparions en Europe non seulement à être envahis par des insectes tropicaux, mais encore à voir les nôtres se reproduire avec davantage d’ardeur. Il y était notamment question de l’augmentation du voltinisme, c’est-à-dire du nombre de générations que les différentes espèces sont capables de produire chaque année. Ces informations laissaient prévoir une prolifération des arthropodes. Les « six-pattes » allaient submerger le bipède. Cela m’avait impressionné au point que j’en avais fait une chanson : Le chant du vermisseau.

Tout cela était faux. Avec le recul, il est réjouissant que mes chansons en général, et celle-ci en particulier, soient restées dans l’oubli. Aurais-je été célèbre, j’aurais pu contribuer à propager une fake news d’une magnitude considérable. Qui sait ? Peut-être même ce titre aurait-il fourni la matière à la bande-son d’une pub pour un néonicotinoïde de Bayer ou de Monsanto.

A titre personnel cependant, j’avais pas mal de tendresse pour mon vermisseau. J’étais fier de l’écriture des paroles. « Le carpocapse obscur croquant le cœur des pommes » est sans doute formellement l’un de mes plus beaux ver(s).

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