L’ordre de l’oiseau

Je lis l’interview de Maxime Le Forestier dans Le Monde :
– Ecrivez-vous parce que vous avez des choses à dire ?
– Non. J’écris pour avoir quelque chose à chanter.

C’est une belle réponse. Si l’on m’avait interrogé il y a quelques années, je crois que j’aurais pu faire la même. Avoir des choses à dire, c’est de l’ordre du maître à penser. Avoir quelque chose à chanter, c’est de l’ordre de l’oiseau.

Voilà longtemps cependant que je n’ai plus moi-même composé de chanson. Je n’ai plus trop envie de chanter. À cela, il y a un ensemble de raisons : la conscience d’avoir touché mes limites comme musicien ; le fait d’être resté à l’écart du milieu ; celui de n’avoir pas rassemblé, au-delà de mes proches, un public suffisant ; l’âge, et ma voix qui se perd… Mais aucune n’est vraiment la bonne. La question véritable, à laquelle je n’ai pas la réponse, c’est : pourquoi cesse-t-on d’être oiseau ?

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MURIEL PEISSIK

Cher Jean-Pierre, oui tu étais oiseau écri(vai)s-tu… (j’avais abondé 🙂
Mais tu étais en même temps arbre, l’arbre dans Arbon.
D’ailleurs tu n’as jamais été “perché” au sens où ce mot est souvent employé aujourd’hui, c’est-à-dire pointu et sans ancrage.
Sans doute es-tu aujourd’hui plus l’arbre qui cherche à planter plus profond encore ses racines pour tenir face au vent qu’oiseau mobile et volubile.
Dans quelles profondeurs se cache ton oiseau, qui sait s’il est n’est pas devenu troglodyte ? Chante-t-il en mineur dans les tréfonds de l’inconscient, quel travail en sourdine n’accomplit-il pas à ton insu pour revenir peut-être, ayant trouvé son délié, métamorphosé, porteur d’une autre voix, d’une autre lumière ?

Aguerre

On reste oiseau, tu sais, même sans écrire ni piailler. C’est une condition belle et certaine 🎶