Je ne crois pas qu’on puisse passer une heure plus intelligente et plus réjouissante qu’en allant au Poche-Montparnasse écouter l’adaptation théâtrale des Essais de Montaigne qu’Hervé Briaux a réalisée. J’ai jubilé du début à la fin. Il est vrai que je me sens en parfaite affinité avec Montaigne sur presque tous les sujets (à l’exception notable de l’amour, dont il parle peu et qu’à mon sens il néglige, faute sans doute de l’avoir véritablement rencontré).
C’est une gageure que de vouloir donner une idée des Essais en un temps aussi court, mais elle est admirablement tenue. Hervé Briaux incarne Montaigne avec une intensité, une sobriété et un naturel irréprochables. Il se promène dans ses Essais « à sauts et à gambades », comme il convient, retaillant et cousant ensemble fort à propos nombre de passages (dont plusieurs que j’ai déjà évoqués dans ce blog : sur les livres, l’arrière boutique, la liberté), et laisse Montaigne nous entretenir amicalement de la religion, de la coutume, des animaux, des voyages, du corps et de ses travers, de la lecture, de la mort, de la volupté, de lui, de nous, de l’humaine condition, du « monde qui n’est qu’une école de recherche », et du fait que « ce n’est pas à qui atteindra le but, mais à qui fera la plus belle course ».
La sienne fut belle, assurément.
http://www.theatredepoche-montparnasse.com/project/montaigne-les-essais-2/