Repos chinois

La langue chinoise est admirable. L’idéogramme qui signifie le repos est la juxtaposition de deux autres qui désignent l’homme et l’arbre. De sorte que l’idée même du repos en Chine est consubstantielle à celle d’un homme sous un arbre, assis sans doute, ou s’abandonnant à la sieste, à l’ombre d’un feuillage bienfaisant.

J’ai appris cela en lisant le dernier ouvrage de François Cheng, Une longue route pour m’unir au chant français*. Cela m’a rappelé la scène inaugurale du Phèdre de Platon, où l’on voit Socrate et Phèdre quitter la route sur laquelle ils cheminent pour aller s’asseoir sous un platane et y deviser les pieds dans l’eau de l’Illissos.

Car le repos commence par la cessation du mouvement, et l’arbre est immobile. Pausare, en latin, c’est s’arrêter, faire une pause. Et repausare, d’où repos est issu, signifie non seulement reposer, mais aussi réconforter, et nourrir.

S’allonger sous un arbre, donc, pour s’y régénérer, voilà l’idée universelle. De la Grèce à la Chine, résister à l’injonction de l’action perpétuelle. Il se passe tant de choses, sous un arbre. L’oiseau chante. La ramure marquète le ciel. La fourmi monte et descend. La lumière se cache dans les feuilles. L’ombre et le frais se goûtent. L’invisible se dévoile. Le temps caresse l’esprit.

* Editions Albin Michel

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