Rat mort

Je faisais mon jogging dans le bois de Boulogne lorsqu’apparut au milieu de mon chemin la figure suprême de l’ennui : un rat mort.

Je ne m’ennuyais pourtant pas du tout : je courais, j’avais de la bonne musique dans mes écouteurs, mes pensées vagabondaient à leur aise. Cette apparition ne s’accordait pas à mon humeur. Quant à ce rat, il était mort, c’était certain, mais s’ennuyait-il ? Pourquoi dit-on s’ennuyer comme un rat mort ? Est-ce d’être mort qui provoque l’ennui ?

Je me posais ces questions sans réponses en continuant à courir. Mais soudain, soupçonnant que les expressions populaires recèlent toujours une part de vérité, j’ai fait demi-tour et suis revenu sur mes pas. J’ai tenu compagnie à ce rat défunt quelques secondes, je lui ai dit quelques mots, je l’ai pris en photo. J’ai cru le voir sourire. En reprenant ma course, j’avais le cœur léger : ce n’est pas rien de désennuyer un rat mort.

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