Que de bruit !

​Houuuuu, la cacophonie du monde, et que de bruit, de caquètements, de vacarme ! Tout le monde désormais a quelque chose à dire, et le dit, et chacun va répétant sa vérité, son opinion, ses petites histoires, s’époumonant à se faire entendre, hurlant avec les loups, mugissant dans le mugissement général. Rien ne régule cette prise de parole éruptive, chacun la prend quand il veut (moi aussi bien sûr), parfois animé des meilleures intentions du monde, parfois mû par le seul besoin d’ouvrir son clapet. Nous cherchons à obtenir un instant l’attention des autres, mais la vérité, c’est qu’on ne nous entend pas. On n’entend rien. Qu’il s’agisse de promouvoir une cause, de partager une adresse, de célébrer un événement, ou de balancer son porc, tout se fond et se perd dans le glapissement collectif. Nous sommes comme d’innombrables oisillons piaillant à tue-tête pour ne rien dire d’autre que j’existe, j’existe, je suis là, écoutez-moi, bon Dieu, écoutez-moi !

© Ador

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Muriel TORMES

On se demande même si au sein de cette cacaphonie (oups une coquille… ou plutôt un lapsus !!), cette gesticulation verbiale, le silence ne s’entendrait pas mieux.

Déjà, faire silence en soi est un vrai travail, très bénéfique. Faire silence, faire le vide, laisser le bruit de ses pensées et le bruit ambiant devenir bruit de fond, pour ensuite accueillir… (voire parler !)
Si au lieu de pratiquer la “prise de parole éruptive” comme tu dis si bien, chacun faisait cet exercice, se recueillait, et au lieu de parler depuis son ego irrité ou survolté, il parlait depuis son centre, son Soi, si chacun était ainsi vraiment “PRÊT à parler” plutôt que “PRES à parler”, il y aurait moins de logorrhée, de pollution par le verbe.

Signe des temps, il y a ce très intéressant projet initié par Didier Deschamps au théâtre de Chaillot – “Silence(s)” :

“Lancé comme bouteille à la mer, attrapé au vol et décliné par des « Jours de silence » comme une chaîne qu’une vingtaine de structures vont tramer d’événements autour de la littérature, la philosophie, la science mais aussi les arts, dont on espère qu’ils nous donnent la mesure de ce que le silence, les silences, peuvent être pour nous dans la lancinante cacophonie du quotidien comme dans le terrible tumulte où le monde est aujourd’hui plongé. Un silence de vie.”

Prochain jour de silence, le 2 décembre : “S’ensilencer, ce que nous souffle le silence”.