Deux phrases de Voltaire, tirées de son Histoire de Charles XII roi de Suède dont la première édition date de 1731, ont été dernièrement citées dans plusieurs articles car elles parlent de l’Ukraine : « L’Ukraine a toujours aspiré à être libre ; mais étant entourée de la Moscovie, des Etats du Grand-Seigneur et de la Pologne, il lui a fallu chercher un protecteur. Elle se mit d’abord sous la protection de la Pologne qui la traita en sujette ; elle se donna depuis au Moscovite qui la gouverna en esclave autant qu’il le put. »
Je suis allé consulter le livre (c’est facile avec Google books) et je résiste pas au plaisir de citer tout le passage. C’est une leçon de géographie. « L’Ukraine, pays des Cosaques, situé entre la Petite-Tartarie (la Crimée et les rives de la mer d’Azov), la Pologne et la Moscovie, a environ cent de nos lieues du midi au septentrion, et presque autant de l’orient au couchant. [Ce pays] est partagé en deux parties à peu près égales par le Borysthène (ancien nom du Dniepr) qui le traverse en coulant du nord-ouest au sud-est : la principale ville est Bathurin (Batouryn) sur la petite rivière de Sem. La partie la plus septentrionale de l’Ukraine est cultivée et riche. La plus méridionale, situé près du 48 ème degré, est un des pays les plus fertiles du monde et les plus déserts. Le mauvais gouvernement y étouffait le bien que la nature s’efforce de faire aux hommes. Les habitants de ces cantons, voisins de la Petite-Tartarie, ne semaient ni ne plantaient, parce que les Tartares de Budziac, ceux de Précop, les Moldaves, tout peuples brigands, auraient ravagé leurs moissons. »
Suivent les deux phrases citées plus haut, et Voltaire poursuit : « D’abord les Ukrainiens jouirent du privilège d’élire un prince sous le nom de général ; mais bientôt ils furent dépouillés de ce droit et leur général fut nommé par la cour de Moscou. » Voilà manifestement le pouvoir de nomination que Poutine avait l’intention de rétablir au début de son invasion. En Ukraine comme ailleurs, l’histoire semble un éternel et tragique bégaiement.
Le président Poutine ne veut pas que l’Ukraine abrite l’OTAN à ses frontières. Les accords de Minsk en 2014 permettaient cela mais ils n’ont jamais été respectés par le gouvernement pro-occidental ukrainien actuel et du coup…