Je reviens sur le cèdre d’Amou. J’en ai parlé l’autre jour sans donner mon avis. C’est que je suis du signe de la Balance, et par conséquent condamné à toujours voir simultanément le pour et le contre. Alors j’hésite. Le cèdre ou la fontaine ?
Puisqu’il faut néanmoins trancher, je dirai que je penche du côté de la fontaine. Depuis la Gaule romaine jusque vers 1900, c’est autour des fontaines que se sont peuplées les campagnes, c’est autour d’elles que s’est construite la France. Plus que l’arbre, c’est elle, si son eau coule, qui matérialise l’alliance entre un lieu et les hommes. C’est elle qui a le plus naturellement sa place au centre du village. C’est elle qui symbolise la vie.
Par ailleurs, pour ce qui est des arbres, même sans le cèdre, Amou n’est pas en reste. Les platanes de la Técouère composent probablement un lieu au charme unique en France. Ce sont eux qui incarnent le mieux Amou et sa douceur de vivre. Bien sûr je serai un peu triste de dire adieu au cèdre, mais son abattage ne portera pas réellement atteinte à l’identité du village. Et les tilleuls qui le remplaceront seront bien mieux adaptés au climat du Sud-Ouest. Ils feront de jolis ombrages, ils répandront au printemps leur parfum léger. « Les tilleuls sentent bon dans les beaux soirs de juin ». Sous leur feuillage, on pourra réciter du Rimbaud.