Lundi à l’aube, après un an de tergiversations, de protestations, de manifestations, de pétitions, de rassemblements dominicaux, l’affaire a été tranchée, au sens propre du terme : le cèdre de la place Saint-Pierre à Amou a été abattu et tronçonné. (J’avais déjà, l’an dernier, eu l’occasion d’évoquer la question à deux reprises : ici, et là.)
Evidemment, c’est triste, un arbre qu’on abat. La place a l’air toute nue. Elle devrait toutefois prochainement accueillir huit tilleuls. On plante, on abat, on replante : est-ce utile ? En tout cas c’est la vie. Les plus de soixante ans se disent qu’ils risquent de ne plus jamais voir l’ombre sur la place du village. C’est vrai. Ceci dit, quand j’étais enfant, le cèdre n’était pas là.
Peut-être ne sait-on plus gérer le temps long. De nos jours, on s’agace de tout ce qui n’est pas instantané, et on s’accroche à l’existant si ce qui doit le remplacer tarde à prendre forme. Quelques années de patience semblent une éternité, alors que dire quand le délai excède une vie humaine ? C’est sans doute le moment de se remémorer La Fontaine, et son octogénaire qui plantait.
Fantastique ! merci Jean Pierre!!! merci beaucoup!!!
Cela me rappelle la destruction des platanes de l’avenue principale de Cavaillon, dans le Vaucluse. D’un coup, on a eu l’impression d’un paysage de guerre avec sa perte confuse de repères, le tout sous un soleil de plomb dont on ne pouvait plus s’abriter. Les arbres, replantés les années suivantes sont revenus (au bout de trente ans tout de même), mais les anciens qui se désespéraient que l’on ait “saccagé leurs souvenirs” ne sont plus là pour les voir.
Octogénaire improbable moi-même – mon père étant mort à 60 ans –, je ne puis que me rallier aux réflexions d’Arbon/La Fontaine. Plantez toujours pour le long terme, ce se soit des arbres ou des idées. ❤️