Catastrophes moyennes

Un conférencier citait récemment la phrase de Karl Popper : « l’humanité ne progresse qu’à coups de catastrophes moyennes ».

C’est un joli concept, la catastrophe moyenne. Une grosse catastrophe, telle qu’on peut l’imaginer, ne saurait en effet provoquer que l’effroi et la régression. A l’inverse, une petite catastrophe, dès qu’elle est passée, il est facile et tentant de l’ignorer. La catastrophe vertueuse, utile, dont on peut apprendre, se tiendrait donc dans un juste milieu : moyenne.

L’idée est plaisante, j’ai cependant du mal à voir ce qu’elle recouvre concrètement. Je cherche des exemples de catastrophes moyennes ayant engendré des progrès, et bizarrement, c’est la pomme de Newton qui me vient à l’esprit. Si une simple fiente d’oiseau était tombée sur la tête du savant, cela n’eût pas causé un tel branle dans son cerveau. Et si ç’avait été l’arbre en entier, ou une tortue comme dans le cas d’Eschyle, la gravitation universelle eût été écrasée dans l’œuf.

Newton, par Gotlib

 

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Lachaud marie celine

Ben pas forcemment car l humanite s est developpée a partir de gross catastrof ‘par’ex comme dans la’periode de l extinction des dinosaures. Et je crois plutot a la theorie de prygogine sur les’structuree dissipatives et les systemes complexes. un systeme donne ( une societe pourquoi pas ) se developpe en absorbant une certain nombre de chocs mais au dela d un certain seuil il’se disloque pour se reconstituer en un systeme aux interactions encore plus complexes’ bon je vulgarise roughly speaking, mais y a a creuser dans cette voie je suis sure, car apparaissent dans ce process les attracteurs etranges des la theorie du chaos…

NADINE BITNER

J’en connais, des catastrophes moyennes : chaque fois qu’il m’advient une atroce mésaventure dont tout le monde s’accorde à considérer que c’est très moyennement catastrophique ; par exemple quand l’impénitente fumeuse que je suis a perdu son briquet et n’a plus d’allumettes, et que l’entourage s’accorde à considérer que c’est très moyennement catastrophique. Extrapolons : la catastrophe moyenne serait une catastrophe dont les media ne s’empareront pas et dont seules les victimes connaissent le caractère dramatique, Ainsi définie, la catastrophe moyenne serait monnaie courante et permettrait de mesurer l’effrayante solitude de l’être en société.