Impressions numériques

J’ai déjà dit ici le bien que je pensais d’un essai sur le futur du livre, intitulé Impressions Numériques, écrit par MM. Sarzana et Pierrot. J’avais eu le privilège de le lire sur manuscrit. Il est désormais disponible en librairie (Editions du Cerf).

L’analyse est très documentée, les arguments bien pesés, et les conclusions ne sont ni béates ni nostalgiques. Le numérique déferle désormais massivement sur l’édition. Comme l’écrivent les auteurs : « Il aurait été plus facile de sauver l’essentiel du livre si le livre s’était lui-même toujours attaché à l’essentiel. Or toute son histoire montre qu’il n’en a rien été. Le livre a depuis Gutenberg envahi tout l’espace (…) occupé peu à peu tous les domaines où l’esprit humain trouvait matière à dépenser son invention ». Son territoire excède de très loin celui de la littérature dite “de création”. Le basculement déjà effectif de pans entiers de l’édition du papier vers le numérique (référence, pratique, guides, technique, etc) vulnérabilise toute l’économie du secteur, et menace son coeur symbolique, cet espace restreint mais rayonnant où l’écriture se fait art et pensée.

Parmi les conséquences probables du numérique, j’en évoquerai une dont nos auteurs ne parlent pas : la disparition des dédicaces, faute de pages de garde (encore que, du temps de 00h00.com, nous avions au contraire tenté une généralisation des dédicaces personnalisées numériques écrites par les acheteurs pour encourager le fait d’offrir des ouvrages). Il faudra sans doute bientôt renoncer à ces quelques mots tracés à la main. Ce n’est pas qu’ils soient tous indispensables, mais enfin, il eût été dommage que Jean Sarzana ne puisse me lancer cette adresse :

A Jean-Pierre Arbon, l’Armstrong du numérique, le premier qui ait osé poser le pied sur la lune virtuelle avant de faire pleuvoir au Paradis.

lune-virtuelle.jpg

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