Articuler

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Marie Christine Barrault est venue passer deux jours à la maison pour mettre au point le La Fontaine / Brassens que nous jouerons ce soir à Amou. Au cours d’un petit-déjeûner, elle a la gentillesse de me faire compliment sur la façon dont j’articule mon texte. Je lui réponds que, pourtant, j’ai parfois l’impression que je devrais davantage ouvrir la bouche.

– Articuler, ça ne se passe pas dans la bouche, dit-elle, mais dans la tête.

Je suis frappé par l’évidence de sa réflexion. Et tout de suite, je réalise que je le savais déjà : au cours de stages de prise de parole, lorsque je fais travailler des étudiants sur des phrases difficiles, j’insiste sur le fait que s’ils comprennent bien ce qu’ils disent, ils le diront bien. Simplement, il me manquait une façon aussi synthétique de l’exprimer.

Je songe aussi à Boileau : Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement / Et les mots pour le dire arrivent aisément. Boileau ne parle pas ici seulement de la netteté intellectuelle de la pensée et de la manière dont on la formule : il parle aussi, car c’est au fond la même chose, de la clarté de la prononciation.

C’est ce qu’on appelle articuler sa pensée.

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