Mon cardiologue est un ami de trente cinq ans. Il me reçoit tous les ans à l’hôpital pour une visite de contrôle. Comme il se trouve que je vais plutôt bien, ce qu’un coup d’œil sur mes analyses, mon électrocardiogramme et ma bonne mine suffit à lui confirmer, nous ne nous attardons pas trop sur l’aspect médical de notre rendez-vous, et nous en profitons pour papoter un peu.
Des nouvelles de nos femmes et de nos enfants, des considérations géopolitiques, des récits de vacances, des réflexions sur la médecine, la chanson, la vie et le temps qui passe, les sujets ne manquent pas et nous avons tôt fait d’oublier l’heure. Quand enfin il regarde sa montre : — Oh la la ! s’écrie-t-il, la patiente suivante m’attend depuis… non, c’est pas possible ! Bon, tu prends un air douloureux, tu sors doucement, et je te tiens le bras comme si tu étais un cas très difficile.
Arrivés dans la salle d’attente, il dit à haute voix : — Alors nous sommes d’accord, n’est-ce pas, aucun écart, et surtout vous respectez scrupuleusement le protocole. Mon assistante vous convoquera très vite pour d’autres examens. Au revoir, Monsieur, bon courage. Puis se retournant vers sa patiente : — Bonjour madame Machin. Ah, vous savez, si tous mes malades pouvaient se porter aussi bien que vous…
Un acteur et improvisateur né! Heureusement que tu lui donnes l’occas d’exercer certains de ses talents!