Une sorte de snob de l’histoire

J’ai remis un peu d’ordre dans une section de la bibliothèque d’Amou, garnie pour l’essentiel de livres achetés et lus par ma mère entre les années 60 et les années 90. Tous les grands auteurs de romans et d’essais de l’époque y figurent : Modiano, Yourcenar, Hagège, Mallet-Joris, Gallo, Sollers, Changeux, Le Clezio, Eco, Guitton, Sagan, Giroud, Tournier, Déon… Et d’Ormesson, bien sûr.

Maman appréciait beaucoup d’Ormesson, sans toutefois le porter au pinacle. Il la cultivait et la distrayait. Les lecteurs (et principalement les lectrices) se trouvaient avec lui en très intelligente et agréable compagnie. Le lire, c’était comme écouter la causerie brillante et pétillante d’un homme curieux de tout, aux manières exquises et à la langue irréprochable. Elle l’avait beaucoup pratiqué. Désormais, rassemblé par mes soins sur une unique étagère, il trônait en majesté avec neuf de ses ouvrages.

J’ai réalisé que je n’en avais lu aucun. J’ai parcouru les quatrièmes de couverture, et j’ai choisi de me lancer dans l’Histoire du Juif errant. En l’ouvrant, j’ai découvert que Maman avait noté à la main, sous le nom de d’Ormesson, la meilleure définition qu’on pouvait donner de lui : « une sorte de snob de l’histoire ». J’ai éclaté de rire. Peu importe que la formule lui ait été soufflée par l’auteur lui-même (p 182 de l’opus cité), ça m’a amusé de me dire qu’elle avait pris un malin plaisir, comme ça, juste pour elle, à épingler le brillant Jean d’O.

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