Une légèreté qui pèse encore

Je me surprends parfois à être d’une humeur aigre-douce. Quelques années s’étendent devant moi. Quelques, c’est-à-dire plus beaucoup. À quoi vais-je les occuper ?

— À jouir du présent ! ai-je tendance à répondre. Mais qu’est-ce que cela signifie, concrètement ? Bien sûr le parfum des fleurs, bien sûr le chant des oiseaux, bien sûr l’amour de ma femme et l’amitié de mon fils. Bien sûr. L’essentiel est là. Mais je suis un occidental, pas un oriental. Je ne maîtrise pas — pas encore — l’art suprême du détachement, de l’oubli de soi, de la contemplation, du présent et rien d’autre, de la fusion dans le grand Tout. Je vois bien que c’est ce vers quoi il faut tendre, et je m’en approche sans doute plus que la plupart de mes congénères, mais je n’y suis pas.

Ma légèreté pèse encore son poids. J’ai besoin d’une tige sur laquelle enrouler mes jours.

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