Tout désobéir

« Faut arrêter de tout interdire parce qu’on arrive plus à tout désobéir ». J’ai de la sympathie pour cette revendication. L’idée que les interdits sont aussi faits pour être enfreints et les règles pour être transgressées me plaît assez, bien que je ne la mette que modestement en pratique. Je suis en effet un garçon plutôt docile, dont les penchants anarchistes sont limités. Mais je me tiens autant que possible à l’écart des contraintes, et il m’arrive de rechercher parfois, pour moi seul, la petite sensation de liberté que désobéir procure, en traversant en dehors des clous, ou en roulant sans ma ceinture, ou en fumant de temps en temps une cigarette alors que mon cardiologue me le défend.

Pour en revenir à notre pancarte, chacun aura remarqué que la syntaxe en est fautive. Non seulement il manque le « n’ » de la négation, mais désobéir est un verbe transitif indirect : il faudrait dire désobéir à tout. Ici, l’emploi de tout désobéir est une manière de signifier qu’on n’obéit pas non plus aux lois de la grammaire. « Rien d’audacieux n’existe sans la désobéissance à des règles », écrit Cocteau. « C’est par le refus de parler la langue du pouvoir que celui-ci perd toute emprise sur ceux qui ne peuvent plus le supporter » écrit le philosophe Laurent de Sutter. Et c’est ainsi que fond et forme s’accordent sur la rébellion.

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Bruno SERIGNAT

Si l’on devait vivre dans une société dirigée par ceux qui portent ce type de panneaux, il y a gros à parier que nous passerions notre vie à être contrôlés… Ceux qui criaient en 68 “Il est interdit d’interdire” et qui exercent encore aujourd’hui le pouvoir, sont les soutiens du wokisme et des interdits tous azimuts (alcool, tabac, vitesse au volant, nourriture “athérogène”, histoires drôles “politiquement incorrectes”, chansons paillardes, livres mis à l’index, etc.). Bref, comme dit l’adage “Il n’est pas pire grenouille de bénitier que les anciennes putains!”