J’appelle chez Maman pour prendre de ses nouvelles. La personne qui la garde me la passe. — Bonjour Maman. Comment vas-tu ? — Je travaille, me répond-elle. — Tu travailles sur quoi ? — Je travaille… sur des projets d’informatisation. — Ah ! Très bien… (J’ai du mal à dissimuler ma surprise.) Et de quoi ? — Eh bien, des ministres […]
Informatique grand siècle Lire la suite »
Eh bien voilà, Jean d’Ormesson est mort. J’ai appris cela hier midi, alors que j’étais chez Maman. Il était son exact contemporain, à six semaines près, et lorsque j’ai distrait Maman de sa lecture pour lui annoncer la nouvelle, elle a fait — Oh !… puis s’est remise à lire. — Tu t’en rappelles, Maman, de Jean
Maman et Jean d’O Lire la suite »
Autre photo, prise probablement le même jour : moi dans les bras de mon grand-père. Éclat de joie, éclat d’enfance. Toute mon enfance sera éclairée par cet homme. Je montre la photo à Maman. — Oh ! Regarde comme cet enfant est joyeux, me dit-elle sans me reconnaître dans ce poupon hilare. C’est parce qu’il
Éclat d’enfance Lire la suite »
L’une des personnes qui garde Maman, et qui est très croyante, lui fait réciter trois ou quatre crédos. Puis cette dame, pleine d’exaltation évangélique, entreprend de lui commenter, dans un sermon improvisé, la résurrection de la chair, la vie éternelle, et la transfiguration des corps. Maman, qui l’écoute au départ candidement, sent peu à peu
Commentaire sur la résurrection des corps Lire la suite »
Maman passe ses journées à lire. Elle lit, elle lit, des heures durant. Vous pouvez lui allumer la télé, elle l’ignorera, elle ne se détournera pas de son livre. Je l’ai toujours connue ainsi : une infatigable lectrice. Son vrai plaisir, le soir, après une journée de travail, était d’aller se mettre au lit avec
Lecture contre chagrin Lire la suite »
Maman est comme toujours plongée dans son missel. Aujourd’hui elle lit à voix haute des passages en latin. — Tu comprends le latin, maman ? — Oui. Et si je ne comprends pas, j’invente. — Tu fais des hypothèses ? — C’est ça. Les hypothèses, c’est mon genre. Je ne croyais pas que c’était possible, mais il me
Latin pas perdu Lire la suite »
Je prends des nouvelles de Maman au téléphone, et lui demande comment elle va. — Ça pourrait aller mieux, me dit-elle. — Dis-moi. — Eh bien je vois le Christ, devant moi, et il est en train de me gronder. — Ah ! Pourquoi ? — Parce je n’ai pas fait ce qu’il voulait. — Et qu’est-ce qu’il voulait ? — Il
Christ grondeur Lire la suite »
Lors de ma précédente visite, j’avais laissé Maman méditer, en le répétant en boucle, le fameux vers de La Fontaine : jusqu’au sombre plaisir d’un cœur mélancolique. — Ah, que c’est beau, soupirait-elle, ce cœur mélancolique et ce sombre plaisir ! Je reviens la voir, et elle m’accueille avec ces mots qu’elle semble réciter : « et le
L’infatigable travail du vers Lire la suite »
— Comment vas-tu aujourd’hui Maman ? — Très mal. — Qu’est-ce qui se passe ? — Eh bien, je n’arrive pas à enlever le péché du monde. Je ris. — Mais tu te prends pour le Messie, ma parole ! C’est lui qui enlève le péché du monde. Et même lui, il a du mal… — C’est bien pour ça que
Le péché du monde Lire la suite »
J’arrive chez Maman. Je m’approche du fauteuil où elle se trouve, je me penche pour l’embrasser. Elle a l’air perdue, avec une interrogation dans le regard. — Tu es mon fils ? — Oui. Et toi, tu es ma mère. — Ah… Et comment le sais-tu ? © Egon Schiele
Femme, voici ton fils Lire la suite »
