Sur une réflexion de Byron

I hope, it is no crime
To laugh at all things. For I wish to know
What, after all, are all things but a show ? *
Lord Byron (Don Juan)

Premier constat : l’orgueil, la bêtise, la cupidité, la violence, sont les couleurs dominantes des tableaux qu’on peut peindre des exploits de notre espèce. Deuxième constat : l’entropie et la loi de nature condamnent inévitablement les choses à finir comme on sait, c’est-à-dire jamais bien.

J’ai la chance que cette vision pessimiste (et parfaitement raisonnable) de l’existence ne m’empêche pas de me sentir bien avec moi-même. Etant plutôt d’un naturel heureux, j’ai longtemps pris le parti de m’amuser de la comédie du monde, et de la regarder le plus possible en souriant (mais pas en riant, comme Byron : il y a dans son rire du sarcasme, une posture, de la provocation. Sourire est à mon sens une moins mauvaise façon de déplorer).

Nombre de pessimistes sont des optimistes déçus, des gens qui ayant dépensé beaucoup de temps, d’enthousiasme et d’efforts à essayer de faire bouger les choses, s’aperçoivent que leurs actions n’ont produit qu’un effet insuffisant, ou servi à rien, ou même, pire encore, aggravé le désordre. Ils versent alors souvent dans le découragement, la mélancolie, l’aigreur, le ressentiment.

Pour ma part, j’appartiens à une autre catégorie. Je suis de ceux qui échappent au malheur individuel parce qu’une bonne étoile et une certaine indifférence les préservent de la souffrance et des malheurs du monde : grâce à quoi j’ai le luxe d’être fataliste.

 

 * J’espère que ce n’est pas un crime
De rire de tout. Car j’aimerais bien savoir,
Au fond, qu’est-ce que tout cela sinon une comédie ?

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Brian Thompson

Je ne suis nullement fataliste, mais dois être né, comme toi, sous une belle étoile: mon père disait de moi, ado, que je pourrais tomber dans une fosse septique et en sortir sentant les roses. Ou comme dit LeForestier dans une chanson, je « passe entre les gouttes ». Ça ne m’empêche pas de m’activer, de m’engager, de prendre même des risques considérables à l’occasion, mais comme chante encore GIMS, « jusqu’ici, tout va bien ». Un jour ou l’autre, évidemment…