Des élèves de l’Ecole Normale Supérieure ont publié dernièrement dans la presse une tribune intitulée « Avant de s’indigner, il faut réfléchir », que je ne peux m’empêcher de rapprocher de cette maxime de Pierre Dac: « Rien ne sert de penser, il faut réfléchir avant ».
Les deux idées ne sont en réalité pas très éloignées l’une de l’autre. S’indigner, c’est penser, et penser c’est dire non.
Quant à la question de savoir s’il convient de réfléchir avant de s’indigner, (comme de réfléchir avant de parler, ou de réfléchir avant d’agir), et donc, en d’autres termes, si réfléchir est l’action qui doit précéder toutes les autres, j’ai tendance pour ma part à la renverser pour la formuler de la façon suivante : réfléchir, et après ?
« Dire des idioties, de nos jours où tout le monde réfléchit profondément, c’est le seul moyen de prouver qu’on a une pensée libre et indépendante» parole du Bison.
A l’inverse, faute d’avoir imaginé la portée de ses aphorismes, le penseur court le risque d’apparaître comme l’exemple type de l’irresponsable. L’auteur du propos hardi selon lequel « Penser c’est
dire Non », le philosophe Alain s’est défié de sa propre maxime en refusant de s’engager pour la résistance.
Tout indique en effet que penser est non seulement un « état contre nature », mais une activité hautement périlleuse. Nous voyons vers quelles impasses l’intelligence a pu conduire nos sociétés
civilisées au nom du progrès, sur ce point Rousseau ne pensait pas si mal…
Bizarre de M Jacques Langlois … car enfin l’homme qui réfléchit est bien un animal dépravé ?
Ayant lu et relu ce billet, j’ai, à titre exceptionnel et expérimental, décidé de réfléchir avant d’écrire un commentaire. Résultat: rien ne vient sous ma plume….