Quand j’étais midinette

​C’était en avril 1997, il y a vingt ans. Je quittais Flammarion après neuf ans de services qu’avec le recul on peut qualifier, il me semble, de « bons et loyaux ».

Je garde une tendresse toute particulière pour ce temps passé rue Racine. La maison était remplie de gens extraordinaires, éditeurs, auteurs. Je les admirais. Je crois que je les voyais comme des sortes de sorciers, de magiciens, qui avaient accès à des cavernes pleines de verbe et de pensée dont ils ressortaient avec des livres, quand je m’affairais surtout de l’extérieur. Ils m’intimidaient, me charmaient. Au fond, j’étais dans ce milieu comme une midinette plongée dans un bal perpétuel de grandes dames et de beaux messieurs, vaguement enivré par les parfums d’intelligence et de pouvoir qu’ils laissaient dans leur sillage, ému de faire un tour de valse avec eux. Et je me souviens aussi du plaisir que j’avais à me mettre à l’écart, en allant marcher, quelle que soit la saison, seul, dans la rue de Médicis et les allées du Luxembourg.

 

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