Philosophie de salon

​C’est un salon parisien. On est venu y entendre une philosophe parler de son dernier livre. Il est question de Lévinas, de Bernard de Clairvaux, de condition animale et de transcendance. Une sorte de Bélise moderne joue les intervieweuses. À chaque fois qu’elle pose une question, charmée par sa propre parole, elle a le plus grand mal à rendre le micro à son invitée. « Votre pensée se situe… je dirais… à la jonction… dans une certaine mesure… quoi… d’Aristote et de… »

Je n’ai pas entendu qui était le pendant d’Aristote. Le chien de la maison qui jusque là reniflait avec méthode les pieds des auditeurs s’est mis à aboyer. Des ombres inquiétantes se déploient au-dessus des intervenantes. D’énergiques rais de lumière partent dans toutes les directions. Une spectatrice coiffée d’un genre de casque de Minerve semble redouter de prendre un coup sur la tête. Moi aussi. Mon attention est perdue.

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