Plan B et premier popo

​Les réseaux se sont beaucoup échauffés ces derniers jours au sujet d’une récente déclaration de Christine Angot sur le plateau de l’émission On n’est pas couché. Elle a affirmé, si j’ai bien compris, que si l’on est artiste, c’est qu’on n’a pas réussi à être autre chose. C’est un plan B. C’est le résultat d’un échec.

Évidemment, tous mes amis artistes, de près ou de loin, se sont indignés d’un pareil propos. Je crois qu’ils ont eu tort. Au lieu de laisser glisser dans l’oubli une prise de position sans intérêt formulée à une heure tardive, ils n’ont fait qu’alimenter le « buzz », sur quoi repose le succès de telles émissions. Il aurait mieux valu, à mon sens, l’ignorer.

Dans la controverse, mon nom a même été évoqué par certains pour appuyer l’idée qu’on pouvait avoir accompli un plan A avant de bifurquer librement vers un plan B. Mais j’ai du mal à entrer dans cette logique. Car sur le fond de l’affaire et ce qui fait qu’on devient artiste ou pas, je crois toujours à la théorie du premier popo, exposée ici-même sur ce blog il y a quelques années.

« Pour un garçon, tout se joue, parait-il, la première fois qu’il va seul sur le pot. Si, ayant accompli son besoin, et revenant montrer ses déjections à sa mère, celle-ci s’écrie : « — Ah ! Mon fils ! Tu es merveilleux ! Oh, comme il est beau ! Tu as réussi à nous faire un caca magnifique ! », et prend les parents et voisins à témoin : « — N’est-ce pas qu’il est extraordinaire, ce petit ! Regardez le sublime popo qu’il a fait tout seul », alors l’enfant, plus tard, confiant dans la qualité de ce qui sort de lui, et convaincu de l’intérêt qu’y prennent les autres, a de grandes chances de devenir artiste. Si, au contraire, la maman réagit en disant : « — Mais enfin, Jules, qu’est-ce que tu fais avec ton caca au milieu du salon ? Cache ça tout de suite, ça ne se fait pas, et ça sent mauvais ! », alors cet enfant-là, incité à dissimuler le fruit de son travail, et à agir avec lui dans la discrétion, s’orientera plutôt vers une carrière de banquier. »

Ceci étant, je reconnais que mon cas ne vient pas précisément à l’appui de cette théorie. Mais les témoignages manquent. Mon premier popo à moi, personne n’en a le moindre souvenir.

 

 

S’abonner
Notification pour
guest

3 Commentaires
Le plus récent
Le plus ancien Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Maï

Contente que tu en ais parlé finalement..

Bertrand

Excellent mon cher Jean Pierre. Mais je constate que tu as céder à la polémique sur ton blog… Je suis d’accord sur la confiance et je pense qu’on devient artiste lorsqu’on accepte ou éprouve le désir de partager son talent, sa capacité à créer des émotions…

Henri

🙂