Neurones poussiéreux

​Il disait, pour expliquer la baisse de ses performances intellectuelles, qu’il avait les neurones « poussiéreux ». Quand j’entendais cela, deux images me venaient à l’esprit.

La première suggérait que son cerveau se comportait désormais comme un moteur dont le filtre à air endommagé laissait passer du sable, des débris, des insectes, qui s’incrustaient dans ses synapses, et altéraient le fonctionnement d’une mécanique naguère bien huilée, la faisant couiner, tousser, hoqueter, et caler plus souvent qu’à son tour.

L’autre évoquait le vieux salon d’une ancienne demeure, plongé dans la pénombre et fermé depuis plusieurs saisons, dont on avait pris soin de recouvrir les fauteuils de housses, ou d’un simple drap, pour les préserver de la pellicule poudreuse que le temps déposait partout, et dans laquelle, de son doigt, un enfant qui entrerait dans la pièce pourrait tracer innocemment des dessins sur le parquet.

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Nadine BITNER

Un enfant qui entrerait dans la pièce tracerait innocemment de jolis dessins dans la poussière des neurones de ma mémoire. C’est ce que font tous mes visiteurs. Et la poussière s’envole – pour un moment. Mais, quand même, de temps en temps, je fais un grand ménage dans ma tête. Où il fait bien plus clair que dans ton dessin, je trouve !
Je vais te téléphoner, tiens, enfant que tu es PRESQUE à mes yeux. A moins que tu me devances ?
Je t’embrasse
Nadine