Neuilly, sac à ordures

La bonne ville de Neuilly sur Seine, apprend-on dans sa gazette, s’inquiète de la prolifération des rats. Elle prévoit d’éradiquer les siens par une méthode « écologique et respectueuse » en utilisant du dioxyde de carbone sous forme de glaçons. Il suffit d’en déposer quelques pelletées dans les trous et les terriers où logent les rongeurs (c’est sous l’avenue du Roule qu’ils seraient les plus nombreux, je le dis à l’attention de mes amis Langlois qui l’empruntent souvent), pour qu’ils s’endorment en douceur.

« Aucun risque ni pour les humains ni pour les chiens ni pour l’environnement » précise le journal municipal. Il est réjouissant que le CO2, dont on entend pis que pendre depuis tant d’années, trouve enfin une application utile et que ses émissions restent confinées où il faut.

Mais le dispositif anti-rats de la ville ne s’arrête pas là. Eliminer, c’est bien ; empêcher de prospérer, c’est-à-dire en l’occurrence ne pas nourrir, c’est mieux. Or les sacs poubelles transparents qui sont aujourd’hui en place dans la commune sont, de l’aveu même des responsables, très facilement accessibles aux rats, qui les déchirent et se délectent des déchets qu’ils contiennent. Aussi la mairie de Neuilly a-t-elle décidé de les remplacer progressivement par un nouveau modèle, conçu spécialement à son initiative, baptisé « Neuilly sur Seine », et qu’elle commercialisera bientôt auprès d’autres municipalités confrontées au même problème (l’argent de la ville est, comme on le voit, bien géré).

Puis-je risquer ici une remarque personnelle ? Je n’ai pas d’objection au fait qu’on baptise des sacs à ordures du nom de Neuilly sur Seine (le rapprochement toutefois ne manquera pas de faire jaser), mais j’aurais préféré qu’à l’instar jadis du préfet Poubelle, l’excellent maire de Neuilly, M. Fromantin, n’ait pas l’humilité de ne pas leur donner le sien.

MM. Eugène Poubelle et Jean-Christophe Fromantin

Ah ! Et quitte à innover dans le vocabulaire, puisque ces « Neuilly sur Seine » (non, décidément, fromantin serait plus commode, et puis on saurait comment l’accorder : des fromantins), puisque ces fromantins, donc, répondront à la fois, nous dit encore la gazette, aux exigences du plan Vigipirate et à celles de la lutte contre les rats, je propose qu’on le signale de façon inclusive, en renommant « plan Vigipirat•e » cette synthèse des combats contre les nuisibles de tous poils.

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