Monsieur de Chamilly

Un mot encore sur les Lettres portugaises. L’officier français qui en était destinataire s’appelait Monsieur de Chamilly. On en a un portrait par Saint-Simon : « C’était un grand et gros homme, le meilleur homme du monde, le plus brave (…) mais si bête et si lourd qu’on ne comprenait pas qu’il pût avoir quelque talent pour la guerre. » Ça ne l’empêcha pas de finir maréchal de France.

Après sa liaison avec la religieuse portugaise, il épousa en 1667 une Mademoiselle du Bouchet, « riche, vertueuse et laide » mais qui avait beaucoup de sens et d’esprit. Lui, au contraire, insiste Saint-Simon, en avait « si peu qu’on en était toujours surpris, et sa femme, qui en avait beaucoup, souvent embarrassée ».

Quant aux lettres brûlantes qu’il avait reçues, il s’en vanta auprès de ses amis ; on en fit des copies et on les publia. Je ne sais si Molière connaissait le marquis de Chamilly, mais c’est lui ou l’un de ses semblables qu’il fustige en écrivant ces vers dans Tartuffe :

Tous ces galants de cour dont les femmes sont folles
Sont bruyants dans leur fait et vains dans leurs paroles.
De leurs progrès sans cesse on les voit se targuer,
Ils n’ont point de faveur qu’il n’aillent divulguer,
Et leur âme indiscrète en qui l’on se confie
Déshonore l’autel où leur cœur sacrifie.

Car il y a de l’indécence, et en effet du déshonneur, mu par de la bêtise ou quelque cruauté, à se glorifier ainsi de ses conquêtes amoureuses, et à étaler en public les ferveurs et les tourments qu’on a pu provoquer.

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Henri

Ce n’était donc pas de Dona Padilla del Flor qu’il s’agissait…;-)