J’ai dit hier que, sur le plan politique, je me comportais de façon irrationnelle en ne choisissant pas de voter pour le candidat dont les idées se rapprochent le plus des miennes. Cette bizarrerie n’est qu’apparente, et s’explique en réalité assez bien.
On sait en effet depuis Aristote que la rhétorique repose sur trois piliers : le logos, le pathos et l’éthos. L’appel à la raison et à la rationalité (logos) n’est donc pas le seul élément qui détermine un choix, et singulièrement un choix politique : la part des émotions (pathos) y joue un grand rôle (par exemple la peur, que certains candidats cherchent à agiter, ou qu’ils peuvent susciter eux-mêmes). De la même manière, la personnalité de chaque candidat (ethos), l’idée que l’on se fait de son caractère, de son intelligence et de sa probité, et la confiance ou la défiance — voire l’antipathie — qui en résulte, déterminent largement la sélection que l’électeur est amené à opérer.
(Au vu de ces quelques considérations complémentaires sur la démocratie, Churchill m’aurait-il accordé cinq minutes de plus dans la discussion ?)