Le préfixe dé- (ou dés– devant une voyelle) sert (dixit le dictionnaire) « à modifier le sens du terme primitif en exprimant l’éloignement, la privation, la cessation, la négation ». Les exemples sont très nombreux : faire / défaire, unir / désunir, monter / démonter, ordre / désordre, agréable / désagréable, accord / désaccord… Ce préfixe est ainsi « l’un des plus productifs de la langue française », et la langue courante s’en sert très souvent pour former des mots dont « l’action s’opère dans le sens inverse » de celle du mot auquel il est accolé.
On a de ce fait tendance à associer plus ou moins consciemment au son « dé » l’idée d’un état contraire, et cela même quand ce n’est pas a priori le cas. Envisagez par exemple dans cette perspective le couple penser / dépenser : des significations nouvelles apparaissent, aussi inattendues que vertigineuses. La dépense devient l’opposé de la pensée, sa négation, sa destruction. Et la langue malicieusement nous murmure que l’intelligence ou le jugement s’anéantissent peut-être dans l’usage de l’argent.
Ou encore plus débile, abstenons nous de le gueuler.
(pas tout à fait une contrepèterie… mais ça en a un peu l’esprit)
Oui, mais comment se dégager de l’argent? Je dépose ma question, sans détours. Comment, également, définir les dépenses : encore un débat de déterré! “Dé” ou “des” : une règle qui nous défonce le crâne! Que chacun se débrouille avec la grammaire!