La nature humaine (selon Thomas Gunzig)

Voici une page sur la nature humaine qui me parait résumer tout ce qu’il y a à en savoir, pour peu qu’on la considère froidement avec un œil d’éthologue : « La nature humaine, ce n’est pas quelque chose de compliqué, c’est la traduction de l’urgence éternelle de sauver sa peau et, pour y parvenir, entre le choix du long terme et celui du court terme, de toujours préférer le second. »

Des « premiers hominidés cavalant de choix à court terme en choix à court terme, évoluant au milieu de la violence, déversant des torrents de sang, massacrant dès les origines les branches alternatives (pauvre Neandertal) et même ses frères et sœurs d’espèces », à l’avènement du libéralisme, qui était « la plus simple et la plus claire traduction de la nature humaine, toujours la même, toujours inchangée depuis l’aube des temps : Enrichis-toi sans limites. Les autres humains se répartissent en deux catégories : ceux qui sont utiles à ton enrichissement, et tes ennemis », jusqu’à enfin « l’utilisation massive de combustibles fossiles, qui entraîna l’accumulation de gaz à effet de serre dans l’atmosphère et un réchauffement climatique global ; à ce moment, les petits hominidés auraient encore pu sauver leur peau, ils auraient pu collaborer, s’entendre, réfléchir, laisser parler leur sens moral ; mais la force de la vision à court terme l’emportait encore et toujours », tout semble en effet, si l’on jette une vue cavalière sur l’histoire du monde (je veux dire : des humains), procéder de ce simple constat.

J’extrais ces phrases sombres du dernier roman de Thomas Gunzig, Rocky, dernier rivage *, une fable noire et puissante sur la nature humaine. On y voit une famille qui, après avoir réussi, en se réfugiant sur une île, à survivre à la catastrophe globale ayant détruit l’humanité, se délite dans la haine et le chacun pour soi, en même temps qu’on y voit les nuages qui se rassemblent le soir au-dessus d’elle finir par « ressembler à une bande de rats préparant un mauvais coup ».

 

 * Thomas Gunzig, Rocky, dernier rivage, Editions Au Diable Vauvert

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