Oiseaux noirs, oiseaux blancs

Nous sommes allés visiter dimanche la passionnante exposition Nicolas de Staël au Musée d’Art Moderne de Paris. Le tableau sur lequel elle s’achève est Les Mouettes. C’est l’un des derniers peints par l’artiste avant qu’il ne se suicide. Comme le Champ de blé aux corbeaux est l’un des derniers tableaux peints par Van Gogh avant qu’il ne se suicide. Le rapprochement s’est fait immédiatement dans ma tête. Oiseaux noirs, oiseaux blancs, champ de blé, mer de nuages, ciel obscur, ciel obscur.

De Staël, Van Gogh. Ni l’insuccès du second, dont on dit qu’il n’avait vendu qu’une seule toile de son vivant, ni le succès de l’autre, qui assurait que sous la pression de son galériste, il ne peignait plus, il « pondait », n’empêchèrent ces deux génies de se fracasser sur le mur de la peinture autour de la quarantaine. Corbeaux, mouettes, comme leur avant-dernier regard s’en allant vers l’horizon.

De retour à la maison, j’ouvre un livre* que Claudine vient d’acheter à la librairie du musée. Je suis cueilli par cette phrase de Nicolas de Staël que l’auteur a placée en exergue  :

« L’espace pictural est un mur, mais tous les oiseaux du monde y volent librement. À toutes profondeurs. »

Vol libre, au-delà de la vie.



* Nicolas de Staël, l’impossible Concert, d’Edouard Dor, Editions Espaces et Signes

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