Informatisation des cimetières

Un ami nous racontait l’autre jour en quoi consistait le travail d’un élu local. — Pour ma part, disait-il, ma première mission a été d’informatiser les cimetières. C’était un propos étonnant. Au cours des vingt dernières années, beaucoup de villes ont certes joué la carte du numérique, et revendiqué fièrement le fait de devenir des « cités connectées ». Mais de là à étendre la connexion aux cimetières, il y avait peut-être un peu d’excès de zèle.

Mon imagination se mit néanmoins en branle. Je me représentais la municipalité déployant un réseau haut débit qui reliait les caveaux les uns aux autres, je voyais le wifi dans chaque tombe, je me figurais des communautés de défunts communiquant entre eux sur une sorte de TikTok des trépassés. Concours de tibias, crânes photoshopés, maquillages d’asticots, gros plans de racines de pissenlit, danses macabres virtuelles…

Cette vision saugrenue et joyeuse se dissipa aussi vite qu’elle était venue. Quelqu’un demanda en quoi ça consistait précisément. — A mettre sur un tableur le registre des concessions. Je n’eus plus que du gris administratif dans la tête.

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Florence Kolosy

Excellent!!