Cette Histoire du juif errant et ses 590 pages, il m’aura fallu une bonne semaine pour en venir à bout. On en sort un peu étourdi. À force d’abondance, le plat en devient parfois répétitif, et sur la fin quelque peu indigeste.
Le Juif errant © Gustave Doré
Juif errant, condamné à marcher jusqu’à la fin des temps, je croyais naïvement que c’était une malédiction : un pauvre type en haillons, solitaire, partout malvenu, partout indésirable. Erreur ! Celui de d’Ormesson n’arrête pas de vivre des vies extraordinaires. Il se plaint d’être immortel, mais changeant d’identité au fil des siècles et au gré des pays, il découvre deux fois l’Amérique (avec les vikings puis avec Colomb), est l’amant des plus grandes amoureuses de l’histoire (de Poppée, la femme de Néron, à Pauline Borghese, la sœur de Napoléon), parcourt les routes de la soie avant Marco Polo, contribue avec Alaric à la chute de l’empire romain, co-invente le zéro, est l’ami d’enfance de François d’Assise, sert de secrétaire à Chateaubriand, conseille Frédéric Barberousse, devient à une époque récente un agent du Mossad, etc, etc.
Quelle(s) vie(s) ! Quelle(s) histoire(s) ! Que d’aventures, dans tous les sens du terme, que de rencontres ! Et tout cela parce que notre homme, il y a deux mille ans, était tombé fou amoureux d’une galiléenne nommée Marie-Madeleine, elle-même entichée d’un certain Jésus, et qu’il avait, par jalousie, le jour de la crucifixion, refusé au supplicié de lui donner à boire.
D’ailleurs, je me suis demandé si D’aventure en aventure, la chanson de Serge Lama, ne serait pas la meilleure bande-son qu’on pourrait associer à cette histoire : « Mais d’aventure en aventure De train en train de port en port Jamais encore je te le jure Je n’ai pu oublier ton corps Mais d’aventure en aventure De train en train de port en port Je n’ai pu fermer ma blessure Je t’aime encore ».