Free Cell

J’occupais mes insomnies sur mon smartphone. Les parties de Free Cell défilaient par milliers. Je les gagnais toutes. Aucun gain n’était en jeu. Je me battais juste contre le temps. Finir la réussite en moins de quatre minutes. Parvenir à tenir la moyenne aussi longtemps que possible.

J’en étais loin. Sur mille donnes mon meilleur score était de 4 mn 20 s. Se présentait toujours à un moment ou à un autre une distribution vicieuse sur laquelle je m’échinais une demi-heure, une heure, ou plus. Ma moyenne s’effondrait. Je ne m’en remettais pas.

Je crois que c’est cela, au fond, après quoi je courais : la réussite impossible, celle où quelque soit le temps qu’on y passe et la manière dont on s’y prend, l’agencement des cartes est tel que le problème est insoluble.

Je ne l’ai pas encore rencontrée. Elle viendra. J’y suis prêt. En attendant, à chaque fin de partie, j’ai droit à un feu d’artifice silencieux sur fond de tapis vert, qui au matin, souvent, me renvoie vers les étoiles.

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