Le roi Pyrrhus (non pas le Pyrrhus de la guerre de Troie qui fut amoureux d’Andromaque, mais son lointain successeur à la tête de l’Epire, celui dont Plutarque a rapporté un célèbre dialogue avec Cinéas dont j’ai déjà parlé, et qui est resté célèbre pour un type de victoires si coûteuses en hommes qu’elles étaient quasiment des défaites – il leur a d’ailleurs donné son nom : victoires « à la Pyrrhus »), Pyrrhus donc, en 275 av. JC, se bat contre les Romains.
Après avoir remporté deux victoires à sa manière, il leur livre une troisième et ultime bataille, à Maleventum, dans le sud de l’Italie. Il aligne vingt mille hommes, et vingt éléphants qu’il décide d’envoyer derrière les lignes adverses pour les prendre à revers. Hélas pour lui, la manœuvre échoue, un peu comme échoua l’an passé celle d’une longue colonne de chars russes stoppée net par des drones ukrainiens. En guise de drones, les Romains ont utilisé des cochons. Ils ont fixé dessus des lances, puis les ont enduits de poix et d’huile d’olive et leur ont mis le feu avant de les envoyer criant et hurlant à la rencontre des pachydermes. Or, nous dit Pline l’Ancien qui rapporte l’épisode dans son histoire naturelle, « iidem minimo suis stridore terrentur » (« ceux-ci sont effrayés au moindre cri strident d’un porc »). Les voici qui se mettent à charger leurs propres troupes. Pour Pyrrhus, la bataille est perdue, et il bat en retraite.
On n’est pas sûr que ce coup d’éclat porcin soit véridique, mais deux choses sont certaines :
– Les Romains ont gagné, mais leurs pertes furent substantielles (à peu près 10000 morts dans chaque camp). Ils ont donc remporté contre Pyrrhus une victoire à la Pyrrhus.
– Nonobstant, satisfaits du résultat, ils changèrent le nom de Maleventum en Beneventum, puisque le sort leur avait été favorable.
Notons enfin que Wikipedia nous invite à ne pas confondre un porc de guerre avec un port de guerre. De même, on ne confondra pas un port sur une côte avec une côte de porc.