Dix ans de blog. 2009 : geste vétérinaire : fouille

Voici l’un de mes articles préférés, parce qu’il évoque un souvenir d’enfance, et la mémoire d’un homme d’Amou, Jean Carrère (le vétérinaire dont je parle ici), que j’ai beaucoup aimé.

Qui plus est, j’avais eu la divine surprise, en l’écrivant, de dénicher par hasard la photo de l’intervention sur l’éléphante, qui m’avait fait éclater de rire, comme j’imagine qu’elle a ensuite fait rire des centaines de lecteurs.

Depuis, pour illustrer mes articles, j’ai toujours recherché des images qui apportent un vrai supplément au texte, mais je ne crois pas en avoir jamais trouvé une qui surpasse celle-ci.

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Geste vétérinaire : fouille.

Lorsque j’étais enfant, j’accompagnais souvent dans ses tournées un vétérinaire ami de mes parents. J’aimais beaucoup être avec lui. Pour le petit parisien que j’étais, c’était une plongée au coeur profond de la campagne, et la découverte de choses -naturelles ou non- que la vie des villes ne m’aurait jamais révélées.

L’un des gestes les plus spectaculaires (et toutefois fréquents) de sa pratique consistait à « fouiller » les vaches. Il s’agissait d’aller palper les ovaires de l’animal, afin de rechercher les causes d’une éventuelle stérilité : pas de veau, pas de lait, et la vache n’était plus qu’une bouche à nourrir.

Pour procéder à cet examen, il enlevait sa chemise, mettait un tablier, et enfilait sur son bras jusqu’à l’épaule un gant de plastique, qu’il enduisait d’huile de cuisine. Puis, le fermier maîtrisant la bête aussi fermement que possible, et moi chargé de dégager la queue, il enfonçait complètement le bras dans l’anus du bovin. A l’introduction, la vache, surprise, meuglait. Mais il était rare qu’elle se débatte beaucoup. Puis, afin de réaliser l’opération dans des conditions de clarté tactile optimale, il évacuait manuellement la bouse qui encombrait le rectum et le bas du colon. Le schéma ci-dessous permet de comprendre aisément la manœuvre.

Il se trouve que, chez la vache, l’éloignement des ovaires correspond exactement à la longueur du bras de l’homme.

Dans des pays comme l’Inde, où l’on est amené à procéder à des examens similaires sur des éléphants, le métier de vétérinaire demande davantage d’abnégation.

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