Vous vous couchez, vous éteignez la lumière. Vous reviennent alors mystérieusement des lambeaux de rêves de la nuit précédente, et juste quand le sommeil vous saisit, il y a ce bref instant où quelque chose lâche en vous, cette fraction de seconde où vous vous sentez partir pour une destination inconnue. Une aventure commence dont vous ignorez tout et dont vous oublierez quasiment tout quelques heures plus tard au réveil.
Pascal Quignard écrit que dans le noir, le corps humain qui s’endort « décroche », qu’il est « comme une barque qui se désamarre, quitte la terre, dérive.*»
J’aime cette idée de décrochage, de dérive. On glisse ou on sombre dans le sommeil, c’est ce que nous dit la langue. Dans tous les cas, on ne passe sa frontière que quand le contrôle est perdu.
* La barque silencieuse, éditions du Seuil
Le rêve est la partie immergée de cette expérience inouïe qu’est le sommeil. Une parenthèse précieuse qui semble échapper à l’horloge du temps. C’est un voyage nouveau chaque fois … l’image de la barque est belle, on s’aventure sur l’autre rive.