Au fond, je ne devrais plus écrire sur l’état du monde ou sur des choses qui ne me concernent que de loin. Je devrais faire comme les peintres et les poètes chinois, me concentrer sur ce qui m’entoure et tenter de me fondre dedans. Disparaître en tant qu’individu, n’être plus qu’un morceau de nature qui vibre avec elle-même, se dépouiller de soi, d’un avant, d’un après, se connecter tout entier à l’instant, être aspiré par lui, et en lui rejoindre enfin le cœur des choses.
Suivre la voie d’un Wang Wei, être capable un jour d’hiver d’écrire « Dans le ciel froid, ça et là, des feuilles rouges », et que tout soit dit.
Et je m’en vais au vent mauvais qui m’emporte
Deça, delà, pareil à la feuille morte.
Verlaine