J’ai reçu naguère plusieurs témoignages autour d’Il pleut au paradis, et j’en reçois encore de temps en temps. C’est une chanson à part. Ceux qui l’aiment la passent en boucle, en lui trouvant des vertus méditatives ou apaisantes que je n’avais pas entrevues en la composant.
Une jeune maman m’a dit un jour que son écoute était la seule chose qui calmait son bébé malade. Un homme qui avait la phobie de l’avion m’a confié que s’il l’avait dans son casque audio pendant le vol, son angoisse disparaissait. Un autre, qu’il l’avait écoutée des dizaines de fois sans jamais parvenir à suivre jusqu’au bout les paroles, parce que son esprit se laissait toujours prendre par quelque rêverie, avant la fin. Et puis il y a les personnes pour lesquelles elle fait songer à l’au-delà. C’est l’évocation du paradis, bien sûr, et la façon vaguement irréelle dont je pose le décor, mais aussi le fait qu’il est question de ce qui s’en va, et de « ceux qui restent ».
Il se crée parfois un décalage mystérieux entre ce qui est dit et ce que l’on entend. En vérité j’avais écrit « ce qui reste », mais comme le dit Montaigne, « la parole est moitié à celui qui parle et moitié à celui qui écoute », et au bout du compte (ou du conte…) c’est bien celui qui écoute qui décide du sens à donner.