Existe-t-il
Un lieu pour ceux qui doutent
Un refuge pour les tièdes
Un asile pour ceux que, dit-on, Dieu vomit ?
Y a-t-il encore
Une route pour s’y rendre
Qui soit praticable en tous temps ?
Ou le chemin n’apparaît-il plus
Que pendant les jours brefs où la saison bascule
Morfondu
Boueux de neige
Jonché de feuilles mortes
Entre cris et silence, entre glace et feu ?
Que sont devenus
Les modérés, les tempérés, les raisonnables
Ceux que le vent emporte
Où les a-t-il menés ?
Survivent-ils quelque part
À la tempête, au bruit
À la fureur ?
Gisent-ils dans les fossés
Assommés par des certitudes brandies comme des massues
Se balancent-ils au bout d’une corde ?
Que reste-t-il de leur trace
Quand tant de gros sabots la piétinent
Que la peur de l’autre flambe
Que le peuple, soi-disant, triomphe
Que la nuance agonise
Que la mesure est défigurée ?
Où sont passés les doux
Les tièdes
Ceux qui doutent ?
Sont-ils déjà balayés par l’Histoire
Ou suffit-il pour les revoir d’attendre
Qu’à la vue du mauvais spectacle qu’on lui offre
Dieu ait un prochain haut-le-cœur ?
Merveilleux!
Lu en retard… mais on dit en espagnol “Nunca es tarde cuando la dicha es buena” = il n’est jamais trop tard quand le bonheur est là.