​JĂ©rusalem m’a laissĂ© une impression paradoxale. Je m’attendais, dans cette ville oĂą bat le cĹ“ur de plusieurs religions, Ă ressentir quelque chose comme une vibration mystique Ă©manant de la magie des lieux. J’imaginais que j’allais Ă©prouver, disons, une sorte de chatouillement spirituel, une forme d’excitation mĂ©taphysique, ou d’aspiration diffuse au sacrĂ©.
Eh bien non. Ă€ la vĂ©ritĂ©, judaĂŻsme, christianisme et islam confondus, ça a mĂŞme Ă©tĂ© l’inverse : toutes ces papillotes s’agitant devant un mur, ces bousculades exaltĂ©es pour aller toucher la pierre du sĂ©pulcre, ces cris d’effroi poussĂ©s par des barbus Ă la vue d’une femme et d’un homme se donnant la main en public, me sont apparus comme des dĂ©monstrations de dĂ©votion ridicules, et ont provoquĂ© chez moi une rĂ©action de rejet. Je n’y ai vu que des superstitions juxtaposĂ©es, en surenchère les unes avec les autres, des caricatures de la ferveur.
Que tant de bigoterie contradictoire soit concentrĂ©e dans l’espace restreint d’une mĂŞme ville ne fait que souligner la face archaĂŻque, et Ă mes yeux grotesque, des croyances qui sous-tendent de tels comportements. Et j’ai fini par me dire que si l’on voulait vacciner une personne de tempĂ©rament raisonnable contre les excès de zèle de la piĂ©tĂ©, c’Ă©tait Ă JĂ©rusalem, par une Ă©trange ironie du sort, qu’il faudrait l’emmener faire un tour.
Les religions sont des sectes qui ont rĂ©ussi…