J’ai passé un cap, ces derniers mois. J’entre doucement dans la vieillesse. Je le sens, physiquement, et même, je crois que ça se voit.
Quand je dis que j’ai passé un cap, c’est bien comme ça que je me le représente. Le parcours d’une vie est comme celui d’un tour du monde à la voile. On naît en Europe, on part vers le sud, l’enfance et la jeunesse descendent l’Atlantique. Bonne espérance. Puis c’est l’âge adulte, la longue et haute mer, l’Indien, le Pacifique, trentièmes, quarantièmes, cinquantièmes déferlant. Et puis, quelque part autour de la soixantaine, on approche du Horn, et un jour on s’aperçoit qu’on l’a passé, qu’on fait route vers le Nord, qu’on retourne vers les eaux de l’enfance, l’Europe « aux anciens parapets », et que, si on les atteint, il y fera froid.
Ça me rappelle une chanson de Moustaki…
Un écrivain anglais a écrit quelque part : “J’ai toujours su qu’il y avait un poteau d’arrivé mais à présent je l’aperçois.” J’imagine que c’est une autre manière de se dire qu’on a passé un cap.