Je reste soixante-douze heures dans le fond de mon lit, et je vois avec acuité ce que je sais depuis toujours : le monde tourne parfaitement sans moi. Parfaitement n’est sans doute pas le bon mot. Disons qu’il tourne exactement de la même façon, aussi implacable et aussi futile, sans être aucunement perturbé par mon absence, sans s’en soucier aussi peu que ce soit.
Je ne suis pas là, je suis comme mort, et c’est indifférent. Ce qui est curieux, c’est que ça m’est indifférent, à moi aussi. Je regarde toutes choses dont je me suis retiré, toutes activités essentiellement dérisoires. J’entends le bruit qu’elles font : il n’est pas bien gros. Je me vois sur la marge du désert, où je me suis posté il y a déjà longtemps. Je n’ai pas eu le courage de la franchir par moi-même, d’aller affronter les monstres du désert, les ermites, les errants. Mais à force de rester sur la marge, je me suis exclu du monde, et c’est le désert qui m’a pris.
Je n’ai plus bougé, mes pieds se sont couverts de sable.
L’acceptation, oui. C’est pour cela qu’en moi je n’ai pas de tristesse. Mais je comprends très bien que ces pensées puissent en susciter…
Je ressens ce texte comme profondément triste, terriblement lucide. Un abandon et un sentiment d’impuissance en réponse. L’acceptation aussi.
Des draps, j’en suis sorti, ça va bien !
Heureusement les marges du désert sont joignables par le Net et l’on peut venir te demander si tu vas bien, si tu es encore au fond de ton lit de draps ou de sable ?