Les marrons de Richepin

Jean-Richepin-par-Gilbert-Martin.jpg

Jean Richepin (1849-1926) était un poète qui, dans ses jeunes années, n’aimait rien tant que de scandaliser le bourgeois, et qui y réussit fort bien. Reçu brillamment à l’Ecole Normale Supérieure, il en fut exclu peu après (fait extrêmement rare) pour une raison inconnue. On raconte qu’il installa alors rue d’Ulm, face à l’entrée de l’école, une baraque dans laquelle il se mit à vendre des marrons, avec un calicot sur lequel on pouvait lire : « Jean Richepin, ancien élève de l’Ecole Normale Supérieure ». Soucieuse de sa réputation, l’école ne tarda pas à le réintégrer.

Après la Commune, qu’il observe de sa mansarde du Quartier Latin, il commence une vie errante en allant jusqu’en Italie au sein d’une caravane de bohémiens. Puis, de Naples à Bordeaux, il sera tour à tour matelot, professeur, journaliste, docker, avant de revenir à Paris.

Si on le connait encore aujourd’hui, c’est surtout grâce à un recueil paru en 1876 : La Chanson des gueux. En pleine naissance du naturalisme, ce livre, où il décrit notamment l’étreinte de deux clochards, lui valut un mois de prison en même temps qu’une énorme notoriété. Brassens en a mis en musique deux poèmes : Les oiseaux de passage, et Les Philistins (titre original : Chanson des cloches de baptême). 

Cependant, sur le tard, il se calma considérablement, et entra même, en 1909, à l’Académie Française, d’où nul ne songea jamais à le renvoyer. Il avait définitivement tiré les marrons du feu. Un soir, alors qu’on le prenait en photographie, dans un théâtre, pour mettre son portrait en exergue d’un film adapté d’un de ses romans, il prit froid. La maladie dégénéra en bronchite, puis en congestion pulmonaire, puis en coma. Victime, en quelque sorte, de sa vie de “pipole”, il mourut dans son hôtel particulier de Passy. 

S’abonner
Notification pour
guest

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires