Impatience

Le monde moderne court contre la montre et se bat contre le temps. Il m’arrive de penser que la patience est une vertu perdue.

J’ai lu pendant des années la revue des anciens d’HEC. On y trouvait régulièrement des interviews de chefs d’entreprise ou de managers, qui, en marge de l’exercice, devaient tous répondre à un questionnaire commun. A la question : « quel défaut aimeriez-vous corriger en vous ? » la réponse n’était pas l’orgueil, ni la prétention, mais neuf fois sur dix : l’impatience. Ils étaient pressés, et plutôt fiers de le dire.

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Au moins cela laissait-il supposer, puisque l’impatience était qualifiée de défaut, qu’on considérait encore vaguement la patience comme une vertu. Je ne suis plus certain que ce soit le cas. Les comptes des entreprises s’établissent au trimestre (et l’horizon de pensée qui va avec). Les ordres de bourse s’exécutent à la micro-seconde. Le court terme est despotique, on n’aime pas attendre, le vin doit pouvoir se boire au bout d’un an ou deux, et l’on se plait à tricher avec les saisons pour avoir, venues du bout du monde, des fraises à manger en hiver.

Pourtant, le temps est au moins aussi souvent un allié qu’un ennemi. « Avec le temps, va, tout s’en va », chante Ferré. Oui, et c’est pour ça aussi qu’avec le temps, va, tout arrive.

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