Glissez, mortels, n’appuyez pas

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Avercamp, Paysage d’hiver

« Glissez, mortels, n’appuyez pas » est une expression que l’on attribue parfois, à tort, à La Fontaine ou à Voltaire, et que l’on doit en réalité à un certain Pierre-Charles Roy. C’est à peu près la seule phrase que la postérité ait retenu de cet auteur du XVIIIè siècle, pourtant prolixe, qui s’était spécialisé dans les livrets de « tragédies lyriques », un genre tombé en désuétude dont il paraît qu’il était cousin de l’opéra.

Le mot parle à l’évidence pour une traversée légère de la vie, et semble se suffire à lui-même. Mais il est en fait extrait d’un quatrain, qui figurait au bas d’un tableau représentant des patineurs : 

Sur un mince cristal l’hiver conduit leurs pas
Le précipice est sous la glace
Telle est de nos plaisirs la légère surface
Glissez, mortels, n’appuyez pas

Le duc de Luynes, apprenant la mort de Roy, écrit dans ses Mémoires, en date du 10 février 1754 : « Il serait à désirer qu’il ne se fût pas laissé aller à la facilité qu’il avait de faire des vers », ce qui est un jugement sévère si l’on s’en tient à ces seuls patineurs. Mais Luynes avait sans doute eu l’occasion d’entendre le reste de sa production.
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bob

excellente information/recherche