Les longs ouvrages me font peur

Ce que j’évoquais hier pour l’écriture est aussi vrai chez moi pour la lecture. J’y regarde à deux fois avant de m’engager dans un gros livre. Sa taille, et le temps qu’il va m’obliger à passer en sa compagnie, contrarient ma tendance au butinage. Il faut donc qu’un fort désir soit installé dès le départ. Sans quoi, je m’abstiens.

Une fois engagé dans un ouvrage, si je m’aperçois que ce désir se dissipe et que je commence à m’ennuyer, je laisse tomber. Je ne compte plus le nombre de livres dont j’ai laissé la lecture inachevée. Je m’arrête au bout de trente, cinquante, cent pages. Parfois même beaucoup plus vite encore. C’est que je suis sensible au style. Si les phrases ne coulent pas, si elles ont le verbe lourd et la syntaxe ankylosée, j’arrête. Juger de cela, c’est l’affaire d’une page ou deux.

Pour les chefs d’oeuvre de la littérature, je suis prêt à faire un effort. Mais tous les amateurs de la Terre peuvent bien crier au génie, si l’écriture ne me plaît pas, ce sera très dur. Ajoutez que je me méfie du pathos, des grands sentiments, des charrieurs d’histoires : je confesse n’être jamais arrivé au bout de quelques monuments. Je me revois abandonnant les Frères Karamazov à soixante pages de la fin. Est-ce bête, franchement !… 

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Alexeieff Illustration pour les frères Karamazov

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bipolette

J’admire ta liberté, je n’ai jamais su abandonner un livre, je suis dans la contrainte de le lire jusqu’au dernier mot, pourquoi ? Je l’ignore, dans quel enfermement suis-je exactement….. comme
sous le soleil…..exactement…..