J’ai essayé à plusieurs reprises d’écrire dans la longueur: roman, nouvelle. Je n’ai jamais été très loin. A chaque phrase, je me perds. Même avec un fil directeur ou un plan d’ensemble, chaque point, chaque paragraphe, chaque virgule, offre une bifurcation possible, devant laquelle j’hésite longuement.
Quel chemin emprunter, quelle suite donner, quelle tournure prendre ? Toutes ont leur mérite, leur raison d’être, toutes sont tentantes, et chaque développement, très vite, à peine m’y suis-je engagé, me frustre de m’obliger à renoncer à tous les autres. Ce que j’écris me paraît plat et pâle, fastidieux, sans saveur ni intérêt, par rapport à la multiplicité des variantes entrevues.
Je voudrais butiner de fleur en fleur, passer du bleu au rouge, virer à droite, en haut, en bas, à gauche, revenir en arrière, et je ne fais que m’épuiser moi-même à contrarier ce parcours brisé pour tracer une perspective faussement rectiligne, à laquelle je renonce bientôt, incapable de voler vite et droit.
© P Carassus
En fait, il semble que tu veuilles faire un livre mille-feuille, et tu t’aperçois que ce n’est pas de la tarte… Ce mille-feuille serait finalement un arbre au feuillage fourni. Avec la plume que tu as, je ne doute pas que tu y parviennes, même dans la longueur. Le tout est de ne pas écrire dans la langueur…
C’est juste. Mais en même temps, j’aspirerais à ce que ces fragments composent un tout, ce qui n’est pas vraiment le cas…
Ce blog ne compterait-il pas parmi tes mediums privilégiés ? tu y navigues comme un poisson dans l’eau, tu sautilles de sujet en sujet comme l’oiseau sur la branche et tu y fais ton miel du suc, qu’en abeille butineuse, tu rapportes des mille-et-un éclats de la vie…
Ou peut-être que l’idée d’une écriture linéaire n’est pas la seule, ou (pour toi et pour moi) pas la bonne…
Je n’avais pas osé te poser la question la dernière fois et voilà que tu y réponds. Tes difficultés me sont familières, je les partage, mais elles demeurent pour autant énigmatiques puisque
d’autres parviennent à suivre un cours de leurs pensées. Peut-être est-ce en commençant au tréfonds de soi-même et en en tirant le fil que le sens de l’écriture adviendra ou peut être que
l’écriture comme l’inconscient choisit son temps…..et que le moment n’est pas encore venu….